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samedi 28 septembre 2013

Rentrée en livres... et en chatons !



  Bonjour chers lecteurs !

  Alors voilà : depuis ma rentrée du 16 septembre, ma bibliothèque s'est bien remplie... qu'il s'agisse d'achats ou d'emprunts de livres pour les cours, de critiques littéraire que je farfouille pour mon mémoire sur Blake, de mangas prêtés par des amis, ou d'achats au hasard dans les rayons de Book-Off, au bout d'un moment, ça fait une sacrée montagne de bouquins. J'ai décidé de vous inviter faire un petit tour dans la bibli de ma chambre d'internat...

  Mais d'abord, un petit aperçu de mon sac et de son contenu le plus ordinaire (donc en gros ceci est un article à mi-chemin entre "Ma rentrée" et "What's in my bag?"). Bref, ma grosse besace rouge (j'ai besoin de gros sacs pour les cours, ça me scie l'épaule en deux mais au moins c'est pratique), ma chemise Lulu Castagnette qui ne va pas tarder à s'avérer trop mince à moins que je ne range mes notes tous les jours (pour ça il faudrait peut-être que je pense à acheter des classeurs, qui sait, ça pourrait aider), ma trousse Morgan que j'ai depuis à peu près depuis mes 14 ans et qui est complètement défraîchie mais qui respire le pratique et le familier, mes lunettes, mon stylo plume, mon ipod et mon casque, mon portable, mon pass Navigo, mon portefeuille qui a l'air neuf à l'extérieur mais qui est déchiré de partout à l'intérieur et qu'il faut que je renouvelle mais il est tellement joli que j'ai pas envie, mon rouge à lèvres bien rouge vif (à ne pas mettre les jours où on a l'air fatigué), toujours un collier ou deux voire un échantillon de parfum qui se balade dans une poche, et une édition des oeuvres complètes (ou presque) de Blake, généralement accompagnée du bouquin de critique que je lis à ce moment-là... en l'ocurrence une série d'études par le Centre du Romantisme Anglais de Lyon 2 sur les écrits de Blake entre les Chants d'Innocence et d'Expérience et le Premier Livre d'Urizen (il s'appelle comme ça mais en fait il n'y en a qu'un seul, tricky n'est-ce pas ?). Les études "Blake et le Corps" ainsi que "La forme et la force" se sont avérées pleines de ressources pour mon mémoire de "Form and formlessness in The Book of Urizen", mais dans l'ensemble c'était traversé de bonnes idées, et ça m'a donné envie de me mettre au travail. 

Le portrait de Blake, son Dragon Rouge, et la tasse
à l'effigie d'Oscar Wilde dans laquelle je bois mon
 thé anglais tous les matins, c'est pour le fun.
  En parlant de ce cher Blake, j'ai fait quelques emprunts à la bibli pour commencer à lire des critiques. pas de lecture approfondie pour l'instant mis à part pour la série d'études dont je vous ai parlé (120 pages, donc ça allait... mais la deuxième semaine de rentrée, ce n'est pas le moment pour se lancer dans des études de 500 ou 700 pages à part pour les parcourir : cette étape de la recherche pour le mémoire s'aborde quelques semaines plus tard, quand on a déjà un paysage bibliographique global).
  Parmi mes emprunts, il y a notamment l'excellente biographie de Blake par Peter Ackroyd (ça, je compte m'y mettre dès demain). Les biographies du modèle anglo-saxon sont en général très bien documentées et permettent non seulement d'en apprendre plus sur la vie de l'auteur, mais aussi de pénétrer son système d'écriture ; en effet, on trouve aussi de la critique littéraire dans ces biographies, le plus souvent, donc quand on veut connaître un auteur plus à fond, commencer par sa / ses biographie(s) de référence est toujours un excellent point de départ, et souvent un outil précieux, voire la base de toute connaissance.
  J'ai également emprunté Arrows of Desire de William Gaunt, qui présente une série d'études assez spécifiques (je vous en parlerai davantage quand je m'y serai frottée), et Blake's Apocalypse de Harold Bloom, qui à mon avis va bien se prêter à l'étude du Livre d'Urizen, qui parodie le récit de la Création biblique et ressemble à vrai dire plus à un récit d'apocalypse qu'à un récit de Genèse...
  D'autres critiques me faisaient de l'oeil, notamment Figures of capable imagination de Harold Bloom (vous l'aurez compris, Bloom est un de mes critiques littéraires préférés... en même temps, dans le monde anglophone c'est un peu LE critique le plus célèbre). J'avais déjà beaucoup aimé lire ses critiques quand je travaillais sur Yeats, notamment Anima Hominis et Anima Mundi... un autre bouquin de critique que j'ai repéré pour plus tard, c'est Prophet against Empire de David Erdman. Par ailleurs j'ai découvert le rayon "critiques de Blake" à la bibli de l'ENS, et je dois avouer que ce n'est pas l'envie d'emporter l'étagère avec moi qui m'a manqué (aussi physiquement difficile pour ma chétive nature que ce supplice de Sisyphe se serait avéré pour moi). Plus sérieusement, c'est juste idiot de se lancer dans plein de bouquins dès le tout début de l'année en master ; c'est plutôt ce qu'on fait à partir de novembre, et même si la tentation est grande, il faut savoir se retenir et ne consulter que des ouvrages généraux pour laisser la pensée mûrir avant de se précipiter sur un millier de sources. 

  Un livre qui va m'être très utile (et même INDISPENSABLE) pour étudier The Book of Urizen, bien sûr, c'est la Bible. Non seulement parce que Blake la parodie, et parce que son style d'écriture est assez archaïque, mais parce que la King James version de la Bible (traduite par William Tyndale) est l'une des principales sources d'inspiration d'à peu près TOUS les poètes romantiques anglais, et qu'étudier Keats ou Shelley ou Byron ou Coleridge ou Wordworth, ou qui sais-je encore, sans lire la King James, c'est un peu comme prétendre s'intéresser aux peintures des préraphaélites alors qu'on n'a jamais lu un seul vers de Keats : c'est tout bonnement indissociable, et même au-delà du mouvement de langage romantique, la King James a donné forme à tout un langage poétique anglais et l'a nourri et infusé de ses images, de Shakespeare jusqu'à nos jours.
  La Bible, honnêtement, je la connais surtout dans les grandes lignes : grands récits ultra-connus du genre la Genèse, la Chute, Le Déluge, Le passage de la Mer Rouge, la loi du Talion, le sacrifice d'Abraham, les 10 commandements, Abel et Cain, la Grande Prostituée de Babylone, la Tour de Babel et la séparation des langages, Sodome et Gomorrhe, la multiplications des pains, les 40 jours dans le désert, etc. Certains passages, je les connais mieux que d'autres, j'ai des citations qui me viennent en tête (They sow the wind and reap the whirlwind, etc) ... d'autres, c'est un peu le trou noir (si j'avais su, j'aurais écouté la messe au lieu de lire Harry Potter en cachette sous mon livre de prières à l'église tous les dimanche matins quand j'étais gamine, peut-être que j'aurais plus de trucs qui me seraient restés en tête, hahaha...).



  Toujours dans la veine du travail, mais d'un séminaire particulier à l'université, il y a ces 6 romans, pour mon cours de littérature post-coloniale. Autrement dit, pays, du Commonwealth à l'honneur (diantre, voilà qui va me faire participer au challenge "Autour du monde" lancé par Matilda, je ne pensais vraiment pas que je pourrais y participer avec tous les programmes etc... et il se trouve que j'ai justement un programme qui semble fait EXPRES pour ce challenge (avoue Matilda, tu tires les filons de ma fac).  



  J'en connais encore peu sur ces auteurs, mis à part Salman Rushdie dont j'ai lu Midnight's Children (que j'ai adoré) et dont je sais que la publication de The Satanic Verses a entraîné qu'on lui a déclaré la fatwa, Ishiguro dont j'ai commenté l'excipit de The Remains of the Day (le prof qui nous a donné un EXCIPIT en commentaire de texte était un salaud), Coetzee car j'ai commenté l'excipit de Waiting for the barbarians (toujours le même prof...) mais là c'est The Master of Petersburg, d'ailleurs je vais faire un exposé dessus courant novembre, et puis Naipaul de nom... Andrea Levy et son The Fruit of the lemon (il paraît que c'est de la chick-lit, mon tout premier bouquin de chick-lit ! Moi qui pensais ne jamais en lire...), et The Golden Gate de Vikram Seth (un roman composé exclusivement de sonnets), je ne connaissais pas du tout. D'après ce que j'ai compris, le fil directeur du cours, c'est : lire des romans d'un habitant d'un des pays du Commonwealth qui écrit à propos d'un autre pays du Commonwealth, un peu dans le genre Jean Rhys (de Dominique) qui fait se dérouler Wide Sargasso Sea en Jamaïque. Bref, tout ça devrait être très intéressant, et je vous tiendrai bien entendu au courant de mes lectures !


"Reading makes immigrants of us all. It takes us aways from home, but more important, it finds homes for us everywhere" Jean Rhys


  Niveau boulot / séminaires de fac, j'essaie aussi de me constituer un aperçu global de l'Histoire du Royaume-Uni depuis la dynastie des Tudors, parce que c'est à mon programme (500 ans d'Histoire en un semestre, avec une séance sur deux de civi et une séance sur deux de litté, c'est folklo, mais comme les professeurs qui animent ce cours ont une capacité de synthèse assez efficace et tissent des liens pertinents, ça donne un résultat intéressant, donc on évite la catastrophe). Evidemment, je complète avec des bouquins, parce que vu que j'ai débarqué en L3 d'anglais l'an dernier après deux ans de prépa pendant lesquels j'ai uniquement étudié les littératures anglophones et non la civi des différents pays / régions, ma culture a quelques trous... je me suis mise à la série The Tudors parallèlement, sauf qu'il y a tellement d'erreurs historiques que ça ne m'aide pas du tout, hahaha, mais c'est une série plutôt cool (et addictive), donc je ne regrette pas de m'y être mise. Bref, comme vous le voyez, la civi occupe ma table de nuit, notamment : The British Isles, A History of Four Nations de Hugh Kearney, et Great Britain : Identities, Institutions and the Idea of Britishness de Keith Robbins. Ils se complètent plutôt bien, et ça m'aide à peindre un paysage trait par trait.


  Passons à des choses moins scolaires (ou presque, vous me direz, c'est de la litté américaine donc même si je suis en master d'études anglophones, parcours littérature britannique, ça reste assez consanguin, huhu). Salinger, donc ! Comme vous le savez peut-être, j'ai lu The Catcher in the rye cet été et j'ai adoré (et je prépare pour trèèèès bientôt un article où je comparerai la version anglaise à la version française et où je vous expliquerai pourquoi la version française est ratée de chez ratée et ne peut que dénaturer toute l'originalité et l'essence du roman et que c'est normal si vous avez lu L'Attrape-coeurs en français et que vous avez détesté... c'est également possible, il est vrai, que vous le détestiez aussi en anglais, mais déjà beauuuucoup moins probable).
  J'avais les 9 Nouvelles dans ma bibli depuis longtemps, mais je viens de faire l'acquisition de Franny and Zooey l'autre jour. Evidemment, pas question de m'y mettre avant d'avoir un peu débroussaillé mon gros programme de littérature coloniale, mais bon, il est là, à portée de main, et ce n'est plus qu'une question de temps avant que je le commence...



Un peu plus de divertissement à présent ! (quoique, vous allez voir que même ça, je suis capable de le rattacher aux cours).
  Vinland Saga est un manga historique de combat sur... les VIKINGS ! On m'a prêté les 13 tomes il y a peu, je viens de terminer le tome 6, et j'essaie de faire une pause entre chaque tome, sinon je serais incapable de travailler... c'est vraiment un excellent manga, à tous points de vue : dessin, intrigue, originalité des rebondissements, évolution des personnages, humour, scènes de combat à couper le souffle, allusions à l'Histoire et capacité à inventer tout un monde à partir de dates historiques peu certaines enveloppées de mystère...
  La raison pour laquelle je vous disais que même ce manga était rattachable aux cours, c'est parce que les Vikings danois font rage en Angleterre et dans le Pays de Galles de l'époque, donc ça parle des grandes batailles du Xe et du XIe siècles, des gouvernements en place... bien sûr c'est de la fiction, mais c'est très bien fait, et c'est très juste dans le sens où ça montre à quel point plusieurs cultures se disputaient les terres de ce qui est devenu à peu près 7 siècles plus tard le Royaume-Uni, entre les Angles, les Celtes, les descendants des Romains, et les Nordiques. Bref, un manga ultra intéressant, à découvrir à tout prix !


  Sinon, je suis allée faire un tour à Book-off l'autre jour (celui du quartier d'Opéra, près de l'arrêt de métro Quatre Septembre, c'est le meilleur !).
  J'ai fait quelques excellentes acquisitions, et je crois que j'ai acheté chacun de ces livres à un euro seulement : L'Odyssée de Pi de Yann Martel en VO (je n'ai toujours pas vu le film... j'aimerais lire le livre avant), Richard II de Shakespeare en VO (je cherchais désespérément Richard III que je n'ai qu'en français, mais je vais finir par le trouver), La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (je ne savais pas que c'était une femme qui avait originellement écrit ce conte !), et Les Heures souterraines de Delphine de Vigan, parce qu'on m'a dit que c'était bien et que je n'oublie pas mon désir de m'y connaître un peu mieux en littérature française contemporaine.



Donc voilà le tableau de mes derniers emprunts et acquisitions, et je vous laisse sur une image de...

Alacris prend un chaton pour sa poupée

  Attila, le chaton trop ADORABLE qui était chez ma meilleure amie l'autre jour (en fait Attila appartient à la grand-mère de la coloc de ma meilleure amie, donc elle était là pour seulement un jour, ce qui signifie que je ne la reverrai jamais, et oui c'est une fille mais elle s'appelle Attila quand même). Comme vous pouvez le voir, j'ai eu le coup de foudre pour ce chaton (regardez comme elle pooose dans mes bras pour les photos, un vrai mannequin, moi je dis elle a de l'avenir pour les castings Félix).

  Ahhh, j'en ai le coeur brisé. En plus ma meilleure amie est partie en Angleterre pour un an et théoriquement elle ira à New York pour trois ans après ça, je suis seule au moooonde et je n'ai même pas de chaton pour m'égayer ;_; non je rigole tout va bien, en plus ça me donne une bonne excuse pour aller en Angleterre quand bon me semble, mouahaha.

Bonne journée à vous ! Comment se déroule votre rentrée ? ;)

lundi 23 septembre 2013

Chronique des Carnets de Malte Laurids Brigge, de Rilke

Les Carnets de Malte Laurids Brigge
Rainer Maria Rilke, 1875 - 1926

  Ma présentation :

  A la croisée du journal intime, du roman, de l'autobiographie et de la promenade méditative et poétique, Les Carnets de Malte Laurids Brigge se présente comme une œuvre éminemment hybride.
  Malte Laurids Brigge a vingt-huit ans ; issu d’une grande famille danoise dont tous les membres sont morts, il est venu s’installer à Paris et vit dans la pauvreté. Héritier de la tradition romantique déjà désuète, il se cogne à la modernité angoissante. Il médite sur la vie, la mort, l’amour, Dieu. A travers la quête de son enfance, source de tous ses fantasmes et du malaise qui habite en lui, il tente de trouver un sens à ce qui l’entoure, à la mort qui surgit de toutes parts et qui semble régir tous les domaines de la vie. Obsédé par le poids du passé, des fantômes, du fantastique et de l’inexplicable, Malte se demande s’il est possible « qu’on n’ait encore rien vu, rien su, rien dit qui soit réel et important ». Et du plus profond du semblant de son être éclaté entre mille déguisements, Malte tranche : « Oui, c’est possible ».

« Il y a une quantité de gens, mais il y a encore beaucoup plus de visages, car chacun en a plusieurs »

Désespoir, Munch
  Ça faisait deux ou trois mois qu’on m’avait offert ce livre en me le présentant comme le genre de livre tel que vous n’en lisez qu’une poignée dans votre vie – un livre qui change votre vie. Je l’ai beaucoup aimé à certains égards, et à d’autres égards je m’en suis sentie assez distante, comme séparée du cœur par un voile ou une porte, ce qui n'est pas si surprenant car on est pris dans une spirale expressionniste de sentiments, souvenirs, et sensations. C’était ma première rencontre avec Rilke, à l’exception de quelques poèmes. Se faire au mode d’écriture de ces Carnets est une expérience assez intéressante, car il y a véritablement un côté « brouillon » dedans, et à de nombreuses reprises dans le texte on a des notes en bas de page qui expliquent que tel ou tel paragraphe se trouvait dans la marge… ce qui laisser penser qu’il s’agit d’un premier jet sans correction, bien que l’œuvre ait été publiée pour la première fois en 1910 et que Rilke ait vécu jusqu’à 1926. Il faudrait que je me renseigne sur la question, mais ni les sites français ni les sites anglais n’ont beaucoup d’informations à ce sujet, et je devrais avoir plus de chances en allemand, mais malheureusement, je ne parle pas l’allemand. 

« Je suis assis et je lis un poète. Il y a beaucoup de gens dans la salle, mais on ne les sent pas. Ils sont dans les livres. Parfois, ils remuent entre les pages, comme des gens qui dorment et se retournent entre deux rêves. Ah, qu'il est bon tout de même d'être parmi des gens qui lisent ! Pourquoi ne sont-ils pas toujours ainsi ? » 

  En fait, je pense que d’une part, ces Carnets sont inégaux, et que d’autre part, la première lecture d’un livre aussi dense et complexe ne peut pas tout embrasser, même s’il est d’une longueur moyenne (233 pages en Folio classique).
Dualité dans l'identité, séparation
de l'être en plusieurs individus : idée
essentielle à l'oeuvre, originellement intitulée
"Carnets de mon Autre Moi"
  Je dis que j’ai trouvé l’œuvre est inégale, parce que j’ai absolument adoré certaines réflexions, certaines visions des choses, et la poésie qui suinte de chaque phrase. Mais d’un autre côté, certains passages m’ont perdue, et j’avais l’impression de me retrouver au milieu d’ombres bourdonnantes, et je trébuchais lorsque j’essayais de donner du sens au texte et j’étais obligée de revenir trois pages en arrière dans ma lecture et de faire des efforts de vigilance pour ne pas me laisser engloutir à nouveau. Je pense qu’il y a du voulu là-dedans, et je ne suis pas contre le fait de se perdre parfois en lisant : au contraire, si on ne se perd pas, on n’a pas le droit de dire que c’est une aventure, et la lecture qu’on fait est peu fertile. Mais mon attention glissait par moments, un peu trop souvent à mon goût dès que mes passages préférés prenaient fin. 

« J’appris à connaître l’influence qu’un vêtement peut exercer immédiatement sur nous. J’avais à peine endossé l’un de ces costumes que je devais m’avouer qu’il me tenait en son pouvoir ; qu’il me prescrivait mes mouvements, l’expression de mon visage et même les idées qui me venaient à l’esprit »

  La thématique qui m’a le plus plu dans ce livre, c’est celle du masque. Vous le savez peut-être déjà, mais le masque est un objet que je trouve symboliquement très intéressant – à la fois vêtement, peau, cape d’invisibilité (faites-en bon usage), mensonge, vérité, rite, carnaval… tant de concepts partent à partir de ce petit objet : le masque, qui se présente comme une véritable matrice de significations. Le protagoniste est le premier à reconnaître qu’il joue la comédie : il est pauvre mais singe l’homme respectable, il est hanté par « la grande chose », sa peur personnifiée qui est devenue une excroissance de lui-même et qu’il compare à un membre de son corps qui serait mort et qu’il porterait avec lui, tout en faisant semblant d’être pareil aux autres… à la recherche de son identité vraie, l’homme ne réussit qu’à prendre plus pleinement conscience de sa propre vanité : « Il colle toujours quelque part sur nous un bout de déguisement, que nous avons oublié. Il reste toujours dans nos sourcils une trace d’exagération, nous ne remarquons pas que la commissure de nos lèvres forme un rictus. Et c’est ainsi que nous cheminons, un objet de raillerie et une moitié : ni des êtres réels ni des acteurs ».

Masque, visage...
Lequel est le plus réel ?
 « J’écrivais, j’avais une vie bien à moi, et ce qui se passait à côté était une autre vie, avec laquelle je n’avais rien en commun »

  Donc j’ai adoré les parties où le protagoniste méditait sur les déguisements, ou bien où il se replongeait dans son enfance pour y retrouver des indices quant au sens de la vie qui à chaque fois, ramène à la mort que chacun porte en soi comme un destin. Les ballades dans Paris m’ont plu également, même s’il y en a peu. C’est principalement un livre de réflexion, et il n’y a pas vraiment d’histoire : pas de début, pas de fin – il y a d’ailleurs apparemment trois fins différentes pour ce livre, et aucune ne peut faire office de conclusion. Le livre s’achève là, mais la fin n’est qu’une digression de plus parmi les digressions constantes. Dans la version publiée, le livre s’achève sur une méditation autour de la parabole de l’Enfant prodigue, que Malte réinterprète selon sa propre pensée. Mais les deux fins alternatives ont à voir avec une réflexion sur Tolstoï ! Donc comme vous le voyez, le livre n’apporte pas tellement de réponse à ces errements… ces Carnets posent beaucoup de questions – par rapport à la religion, la mort, le surnaturel, l’amour – mais ils donnent peu de réponses, et quand ils en donnent, elles sont assez énigmatiques. Mais le principal en littérature comme en philosophie, c’est de poser des questions. La réponse est toujours téméraire et au moins partiellement fausse, et ce sont les questions qui nous font réfléchir, nous faire nous poser des problèmes. Un monde de réponses serait un monde dans lequel on ne réfléchit pas. Comme le disait Blanchot, « La réponse est le malheur de la question ».

« J’avais prié pour retrouver mon enfance et elle est revenue et je sens qu’elle est aussi lourde à porter qu’autrefois et que cela ne m’a servi à rien de vieillir »

  Dans l’ensemble je dirais que ça a été une très bonne lecture, mais que je ne lirais pas des livres comme ça tous les jours. A certains égards ça m’a rappelé La Confession d’un enfant du siècle de Musset, en plus moderne, plus dénudé, moins larmoyant, et plus philosophiquement intéressant. On dit souvent des Carnets qu’ils sont imprégnés du désespoir en l’homme qui caractérisait les philosophies du début du XXe siècle, et que la pensée de Nietzsche y est très présente. Il y a certainement quelque chose de profondément prussien et un malaise de l’homme qui se sent étranger, et même inapproprié à la vie, mais n’ayant pas une formation de philosophe et Nietzsche étant un philosophe sur lequel on raconte très facilement n’importe quoi en se croyant fin, je préfère ne pas me lancer dans une étude de l’influence des œuvres de Nietzsche sur les Carnets de Malte Laurids Brigge, ça pourrait presque être un sujet de mémoire.

« Je suis couché dans mon lit, au cinquième étage et mes journées que rien n’interrompt sont comme un cadran sans aiguilles » 

  En résumé, ce n’est pas une lecture que tout le monde peut adorer, mais si cet article vous a plu, et si vous lisez volontiers des livres où il y a peu d'action et que le ton est plutôt méditatif, je pense que ça peut être très intéressant pour vous de jeter un œil à ce livre. N'ayez pas peur de la mention "classique", ça se lit facilement, et la traduction de Claude David est très agréable à lire - l'ami allemand qui m'a offert ce livre m'a dit que c'était une bonne traduction, alors je m'incline.

  Deux dernières citations pour le plaisir, parce que l'écriture est vraiment superbe et que les idées qu'elles mettent en avant valent le détour :

Le cri, Munch
« On savait autrefois (ou peut-être le pressentait-on) qu’on contenait la mort en soi-même, comme un fruit son noyau »

 « Je savais que l'enfance n'allait pas cesser, de même que l'autre réalité n'avait pas attendu ce moment pour commencer. Je me disais que chacun était naturellement libre d'établir des compartiments, mais que ces compartiments étaient imaginaires. Et il s’avéra que j’étais malhabile à en établir moi-même. Dès que j’essayais, la vie me faisait comprendre qu’elle ignorait ces séparations. Mais si je m’entêtais à penser que mon enfance était passée, aussitôt toutes les choses à venir disparaissaient du même coup et je n’avais pas plus d’assise qu’un soldat de plomb n’en a sous les pieds pour tenir debout » 

  Ce n'était peut-être pas très stratégique de ma part de finir l'article sur des citations aussi "pessimistes", et je viens probablement de faire fuir les quelques intéressés que j'ai réussi à rassembler jusque-là... mais c'est vraiment un beau livre, donc si vous le rencontrez, n'hésitez pas à faire plus ample connaissance !

jeudi 19 septembre 2013

Le tag... non littéraire !



  Le Chat du Cheshire a été très gentille de me taguer pour "Le tag non littéraire", un tag où on pose dix questions sur ci et sur ça au blogueur pour en connaître plus sur sa personnalité, sans parler nécessairement de livres... mais est-il vraiment possible pour un blogueur de ne pas parler de livres, même dans un tag qui n'est pas censé les aborder directement ? C'est ce qu'on va voir !

1) Raconte-moi ton futur projet ? Celui qui te tient à cœur et que tu souhaites réaliser dans un avenir assez proche (moins d'un an) ?


The First Book
of Urizen
  Alors alors... un projet qui me tient à coeur et que je suis certaine de réaliser dans moins d'un an, c'est mon mémoire de M1 sur le poète anglais William Blake, et plus précisément sur la thématique de la forme et de l'informe dans The First Book of Urizen, un livre en vers qui reprend la structure de création du monde qu'il y a dans les premiers chapitres de la Bible, mais... à la sauce de Blake. Sachant que Blake a une mythologie très particulière avec un concept du divin comme l'énergie humaine, alors que Urizen est une figure de Dieu mais qui n'est pas ce qu'il entend par le divin car Urizen est impuissant et en créant le monde, il a mis à la fois les hommes et lui-même dans la servitude, donc... bref, au niveau de la forme et de l'informe, il y a beaucoup à dire. Par ailleurs Blake incorporait systématiquement ses textes dans des gravures ou enluminures, et cette oeuvre m'a attirée en particulier car les dessins y sont beaucoup moins majestueux que dans ses autres oeuvres : moins nets, plus flous, fuyants, sombres, inquiétant, presque surréalistes avant la lettre.... on a presque une ambiance à la Odilon Redon.

Ne serait-ce pas une Alacris cachée
 derrière un manuscrit ?
Mystère...
  Un projet qui me tient à coeur plus que tout au monde mais qui ne se réalisera certainement pas dans l'année qui vient, en revanche, c'est de publier l'un de mes romans (rassurez-vous je dis "mes" romans mais je n'en ai pas une collection, seulement deux d'achevés, dont un de 337 pages que je corrige inlassablement depuis trois ans et dans le tome II duquel je viens de me lancer, enfiiiin, et celui que j'aimerais publier est très court, l'équivalent de 110 pages en poche). J'ai déjà fait quelques envois de manuscrits il y a quelques mois mais rien n'a abouti - en même temps, j'ai vécu tellement enfermée dans mes classiques pendant des années qu'à part les cinq plus grandes maisons d'édition françaises, je ne connaissais rien à l'édition, et comme vous vous en doutez, mes manuscrits n'avaient aucune chance de passer. Je prépare un prochain envoi d'ici quelques semaines à des maisons j'espère moins débordées (enfin, une maison d'édition est par définition débordée... mais il y a déjà une différence entre une maison qui reçoit 12 000 manuscrits par an et une maison qui tourne plutôt autour de 7000). Je n'ai pas grand espoir cela dit, car plus le temps passe et plus je suis consciente eu défaut majeur de ce roman : il est très court, mais l'histoire qu'il raconte est assez éprouvante à lire, moi-même quand je le relis je suis prise d'un sentiment de malaise, et le malaise n'est évidemment pas le sentiment que le lecteur sain d'esprit recherche quand il veut acheter un livre. Donc j'imagine que ça me laisse... les malsains d'esprit, et que moi-même j'appartiens à cette catégorie, youhou c'est la fête ! Non, plus sérieusement, j'ai eu beaucoup d'échos positifs sur ce roman mais ce n'est certainement pas un best-seller potentiel, et j'ai du mal avec ce roman car son écriture a été pour moi une sorte de "thérapie" par rapport à un moment désagréable de ma vie, ce qui fait que je l'ai écrit dans un style beaucoup plus distancié et froid que d'ordinaire pour ne pas me laisser submerger. Honnêtement, je ne crois pas que ça va marcher avec ce roman-là, je pense que ça marchera plutôt avec autre chose à l'avenir, mais sait-on jamais ? Et puis me renseigner sur des maisons d'édition à qui envoyer ce roman m'a permis d'en apprendre plus sur le monde de l'édition et de découvrir des livres super, voire carrément des maisons d'édition qui ont des collections géniales, donc dans tous les cas ce n'est pas du temps perdu.

2) Il ne reste que 5 villes au monde où tu peux vivre : New-York, Londres, Paris, Barcelone et Biarritz ... laquelle choisis-tu et pourquoi ?

  Paris, parce que j'y vis et que je ne changerais de lieu pour rien au monde - du moins, pas sur la durée. Aller vivre en province ou à Londres ou à New York pendant quelques années serait génial... en sachant que je reviendrai à Paris après. J'adore également Londres, j'y ai déjà passé des vacances d'un mois (enfin, summer school, vacances... c'est la même chose !), mais... il y a une poésie dans Paris dont je ne peux pas me séparer. Et puis tous les musées, les quais de Seine, les gens que j'aime, les cafés, les librairies, les pains au chocolat, Saint Michel, Montmartre, le Marais... ce sont des choses importantes pour moi, des repères essentiels. Mais je dois dire que c'est cool que Londres ne soit pas loin...



3) Qu'est ce qui t'a décidé à ouvrir ton blog ou plutôt quel a été le déclic ?

  Je connaissais déjà quelques gens de la blogo avant de débarquer dessus, qui m'ont encouragée à créer un blog de lectures. Au début j'étais assez réticente - je vous ai déjà parlé de mes mauvais souvenirs d'adolescence avec les blogs -, puis je me suis dit que ce serait bien d'élargir mes horizons, je me suis laissée prendre au jeu, et même si ça fait à peine six mois que je tiens ce blog, je ne me vois plus sans cet endroit de partage. Ca m'a fait un bien fou d'ouvrir ce blog, de pouvoir parler de littérature autrement que dans des dissertations. Je me suis vraiment attachée à cette petite plateforme et à tous les blogs que j'ai découverts !

4) Ta meilleure astuce pour faire des économies ? Un bon plan à partager ?

  Oui : les librairies d'occasion. Cet après-midi encore, je suis allée chez Book-Off, une chaîne de librairies géniales dans Paris où on a parfois des bouquins quasi-neufs pour 1 euro, et la preuve, j'ai pu acheter quatre livres pour quatre euros. Sinon, je ne suis pas une grande accro de shopping, donc je ne suis pas dépensière.



5) Ce soir tu dînes quoi ?

Ce midi j'ai mangé coréen, donc ce soir je n'ai pas très faim et je mange léger : salade de tomates avec une soupe probablement. 





6) Le produit de beauté miraculeux, qui t'as surprise, que tu ne quitteras pas de sitôt ?

  L'anti-cernes ! J'ai un visage qui marque assez facilement quand je n'ai pas bien dormi, et je dors souvent mal ou peu, donc c'est vraiment un outil miracle, que je n'ai découvert il n'y a que deux semaines malheureusement... enfin, j'avais toujours su que ça existait, mais comme je me maquille souvent en trente secondes (petit trait d'eye-liner et rouge à lèvres, ça se résume à ça), je ne suis pas du genre à écumer les rayons de beauté des magasins et à essayer 36 gadgets. Mais l'anti-cernes, testé et approuvé !

7) Je ne supporte pas ?

  Les gens qui disent que la littérature ne sert à rien et que la fiction c'est pour les rêveurs abstraits de la réalité... ils ne se rendent pas compte que la fiction contient quelque chose de beaucoup plus vrai et d'essentiel que les rituels que nous répétons chaque jour sans y penser. La littérature, c'est un mensonge qui se dénonce en tant que mensonge et qui à partir de ce contrat tacite, crée du vrai, tandis que la vie de tous les jours, c'est un mensonge qui fait semblant d'être réel.

8) Gros plan sur un œil, clic clac petite photo de présentation :

  Hop-là ! Je crois que c'est ma photo de profil blogger d'ailleurs, et cette photo a été prise par Grazyel.
  Comme il y a un masque, c'est un peu de la triche, donc je vous ajoute...


  Une autre photo avec un masque ! Haha. Je vous ai bien eus.
  Mais on voit mon visage entier (et même ma main, si ce n'est pas l'art de se dévoiler, ça...). Plus sérieusement, vous pouvez voir une photo de moi dans le menu quelque part à droite, normalement je suis souriante et chaleureuse dessus, c'est ma manière de vous souhaiter la bienvenue *big smile*



9) Dans quelle série tu voudrais te réveiller ?

DOCTOR WHO, WHAT ELSE ?

Voyager à travers le temps et l'espace, me faire capturer par des Daleks, exploser des vilains méchants pas beaux... quel meilleur programme pour la journée ? Et puis, même si je me fichais dans de beaux draps, le Doctor serait là pour me sauver - tout est bien qui finit bien.
(Par contre, je ne voudrais certainement pas me retrouver avec des Weeping Angels).

10) Avec quelles blogueuses voudrais-tu aller boire un verre en terrasse ?

  Beaucoup de monde ! J'ai déjà pris des verres avec Jamestine, Matilda et Grazyel, mais je me réunirais volontiers autour d'un café ou d'un bon chocolat avec Alexandra, Luthien, Diversesetavariées, Supy, Le Chat du Cheshire, Awalie, Alicia, et tant d'autres avec qui je n'ai pour l'instant pas encore beaucoup échangé mais dont je prendrais beaucoup de plaisir à faire la connaissance !

  Normalement je devrais taguer 5 personnes pour ce tag, mais comme je ne sais pas qui serait intéressé (et puis, avec la rentrée, tout le monde poste un peu moins), je vous laisse décider vous-même si vous avez envie de faire ce tag. Si ça vous intéresse, touchez-m'en un mot ! Je mettrai un lien vers votre article ;)

Diversesetavariées a répondu à ce tag !

lundi 16 septembre 2013

Des mots-clés de recherche loufoques...

  Bonjour bonjour !

  Alors voilà : il y a quelque temps, Matilda a fait un article que j'ai trouvé fort amusant, où elle citait les mots-clés de recherche les plus incongrus que vous, chers visiteurs, vous aviez pu taper pour vous retrouver sur son blog. Depuis, j'ai régulièrement consulté la liste des mots-clés de recherche pour mon propre blog, et j'ai moi-même trouvé quelques perles qui, croyez-moi, valent le détour...

"1 mot 4 images le bouton rouge on off"
Vous cherchiez à désamorcer une bombe où... ?

"finance"
Je m'y connais à peu près autant dans ce domaine qu'en physique quantique, donc a priori vous êtes à la mauvaise adresse.

"manga soir d'art orline"
Sinon j'ai évoqué un manga qui s'appelle Sword Art Online. Y'a peut-être un lointain rapport...

"cathédrale de reims doctor who"
Oui, moi aussi c'est mon rêve qu'un épisode de Doctor Who soit tourné dans la cathédrale de Reims (il y en a bien eu un dans celle de Southwark à Londres !), parce que c'est une cathédrale qui envoie du pâté, mais jusqu'à maintenant ce n'est jamais arrivé...

"lettre poudlard harry potter"
Moi aussi je l'attends toujours.

"une journée c'est vingt-quatre"
Vous ne rêvez pas, il y a bien vingt-quatre heures dans une journée. Il y a aussi un bouquin de Zweig qui s'appelle Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, j'en ai fait une chronique. Ravie de voir que mêmes les chemins les plus farfelus mènent à Zweig !

  Voilà, j'espère que ça vous aura fait rire autant que moi. J'en garde quelques autres sous le bras pour un prochain article de ce genre plus tard, quand j'aurai amassé de nouvelles choses bizarres...

PS : si vous êtes l'auteur d'un de ces mots-clés de recherche et que vous avez trouvé mon blog de cette manière, chapeau à vous !

mercredi 11 septembre 2013

Le coin ciné : Winter's Bone, 127 heures, et La Traversée du Temps

  Chers lecteurs, ces derniers temps j'ai vu quelques films, et j'ai envie de partager avec vous mon avis dessus... certains valent le détour !

Winter's Bone
De Debra Granik. 2011 - 1h40

  Ree Dolly a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa sœur dont elle s'occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.

  C'est mon coup de coeur de ces dernières semaines. Vraiment un beau film. Au départ je m'étais lancée dedans par curiosité vis-à-vis de Jennifer Lawrence qui tient le rôle principal, parce que j'aime bien cette actrice que j'ai vue dans X-Men, Happiness Therapy, et bien sûr Hunger Games, et qu'on m'avait dit que ce film-là, assez méconnu,  était saisissant. Je n'ai pas été déçue : ce n'est évidemment pas un film grand public donc il ne peut pas plaire à tout le monde, il y a une ambiance assez morne et angoissante la plupart du temps. C'est également un film dur, que je ne recommande pas de voir avant 15 ans. L'intrigue se déroule dans le Missouri profond, au fin fond de la forêt, là où la police et la loi font plutôt tapisserie qu'autre chose, et ce qui règne à la place, c'est la loi de la bande contre l'individu seul. La réalisation se veut dénuée d'artifices et de sophistication, donc on embrasse le périple de Ree Dolly comme si on était avec elle, d'où le sentiment de malaise que ce film peut causer par moments. J'ai eu un peu de mal pendant la première demi-heure, je me tenais à distance de ce que je voyais à l'écran, jusqu'au moment où contre toute attente je me suis mise à pleurer d'un seul coup, et c'est là que j'ai compris qu'il y avait quelque chose de très fort qui était en train de se passer. C'est un film très intéressant et touchant, et je vous en conseille le visionnage si vous n'avez pas peur de ce genre d'ambiance. Autre conseil : les sous-titres, avec l'accent des forêts du Missouri, c'est pas du luxe ! J'ai regardé le film entier sans sous-titres parce que je n'ai pas téléchargé de sous-titres pour un film anglophone depuis à peu près trois ans (la foi de l'angliciste !), là il y a un ou deux dialogues où j'aurais bien aimé en avoir... évitez de le regarder en VF aussi du coup, parce que sans l'accent des personnages, on perd une grande caractéristique du film.


127 heures
De Danny Boyle. 2011 - 1h34

  Le 26 avril 2003, Aron Ralston, jeune homme de vingt-sept ans, se met en route pour une randonnée dans les gorges de l’Utah. Il est seul et n’a prévenu personne de son excursion. Alpiniste expérimenté, il collectionne les plus beaux sommets de la région. Pourtant, au fin fond d’un canyon reculé, l’impensable survient : au-dessus de lui un rocher se détache et emprisonne son bras dans le mur de rocaille. Le voilà pris au piège, menacé de déshydratation et d’hypothermie, en proie à des hallucinations… 
  Cinq jours plus tard, comprenant que les secours n’arriveront pas, il va devoir prendre la plus grave décision de son existence...

  Mon avis sera bref : ce film ne dure qu'une heure trente-quatre, et heureusement, parce que je ne me suis pas autant ennuyée depuis longtemps devant un film. J'avais aimé Slumdog Millionaire par le même réalisateur donc j'étais curieuse, et on m'avait dit que ce film créait un suspense insoutenable, etc... c'était peut-être parce que je connaissais déjà la fin, mais j'ai bâillé tout du long. L'opening était pas mal, mais après, ça alterne entre des scènes où Aron est coincé avec le rocher en mode caméra amateur pour donner un sentiment "authentique", et des scènes oniriques / hallucinatoires avec des couleurs hyper saturées où il revoit des moments de sa vie avec son ex et sa famille, et alors là ça donne un effet plutôt cheap. Le but était qu'on rentre dans la peau du personnage et qu'on vive ces 127h où il est coincé avec lui, eh bien, ça n'a pas du tout fonctionné avec moi. Je ne comprends pas pourquoi ce film a fait tant de bruit quand il est sorti, je l'ai trouvé prétentieux pour ce que c'était. Regarder une interview de cinq minutes du type qui a vraiment vécu cette expérience serait plus intéressant.

La Traversée du Temps
De Mamoru Hosoda. 2007 - 1h38

  Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressée par l'école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu'au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu'il faut apprendre à vivre sans...

  Ce film me faisait envie depuis un moment mais il s'était échappé dans un coin de ma mémoire, quand Luthien l'a mentionné sur son blog, donc je me suis empressée de le voir. C'était une très belle découverte : ce que j'aime bien avec les films d'animation japonais, c'est qu'ils sont souvent autant pour les enfants que pour les adultes, et qu'il y a toujours une belle leçon à en tirer. Il y a l'aventure de Makoto, ses erreurs, ses bévues, son train-train au lycée, et derrière, en filigrane, il y a des enjeux philosophiques majeurs, auxquels le spectateur ne va pas forcément réfléchir, mais qui vont doucement le travailler sans qu'il s'en rende compte. C'est un film touchant qui montre le complexe de Peter Pan d'une ado en dernière année de lycée qui n'a pas envie de grandir et qui aimerait maintenir les choses dans l'état où elles sont à un instant T de sa vie. Avec le moyen de remonter le temps, elle pense pouvoir conserver ses habitudes indéfiniment, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que même avec le pouvoir de voyager dans le temps, on reste impuissant face au cours des choses... et qu'à force de trop vouloir empêcher l'arrivée du futur, on cause des drames. Je ne vous en dis pas plus, et je vous laisse découvrir ce très beau film... la seule chose qu'on pourrait lui reprocher, c'est la simplicité des graphismes sur certains plans, mais ça, c'est parce que je suis nourrie aux Miyazaki et que forcément, ça m'a rendue trop exigeante !

  En conclusion : Winter's Bone, à voir si vous pensez entrer dans l'ambiance ; 127 heures, ne perdez pas votre temps ; et La Traversée du Temps, à voir pour tous publics !

Alacris

vendredi 6 septembre 2013

Chronique de The HUNGER GAMES, Catching Fire, et Mockingjay (Suzanne Collins)



  Ca faisait quatre ans que j'avais envie de lire les Hunger Games. Il y a quelques jours, j'ai commencé le premier. Et ce qui s'est passé, c'est que j'ai lu chacun des tomes à peu près en 24h (ralentie ici et là par le fait de devoir dormir la nuit, et des rendez-vous divers ici et là qui m'ont tirée à regret de ma lecture, sinon je vous assure que je ne m'en serais pas détachée UNE SEULE SECONDE).
  Le pire, ça a été le moment où j'ai fini le tome 1. Parce que je l'ai terminé dans la nuit du samedi au dimanche, à 4h du matin. ET JE N'AVAIS PAS LE TOME 2. Donc j'ai dû attendre le lundi après-midi pour pouvoir m'acheter le tome 2, et le lundi soir pour le commencer. Je ne vous décris pas les deux jours de souffrance que j'ai passés, dimanche et lundi... heureusement cette fois-ci, j'ai été plus maligne : j'ai acheté les tomes 2 et 3 d'un coup, d'autant plus que le suspense entre le 2 et le 3 est insoutenable (à bon entendeur, si vous voulez lire les Hunger Games... munissez-vous des trois d'un coup ! Simple conseil si vous ne voulez pas devenir dingue en attendant le tome suivant).

Katniss Everdeen, archère d'exception

  Bref, vous l'aurez compris, j'ai été complètement emportée par cette lecture. A vrai dire, ça faisait depuis les Harry Potter que je n'avais pas été aussi à fond dans une saga (les gens qui ont suivi mes tweets au fil de ma lecture s'en sont bien rendus compte, n'est-ce pas Supy et Jamestine). Ca vient aussi du fait que je lis peu de sagas jeunesse, sûrement, même si honnêtement, ça me fait bizarre qu'on classe les Hunger Games en "jeunesse"... mes parents ne m'auraient jamais autorisé à le lire quand j'avais 13 ans. Au-delà de l'âge, je pense que ça dépend aussi beaucoup de la sensibilité de chacun, mais clairement, un livre au scénario à mi-chemin entre Battle Royale et l'esprit des cirques sacrificiels romains où l'on met des ados dans une arène en leur disant de se massacrer les uns les autres, et qu'il n'y aura qu'un survivant, ce n'est pas à mettre entre les mains de n'importe qui. Personnellement je pense que j'aurais tout autant adoré ce livre quand j'avais 15 ans, mais enfin, ça dépend de ce qu'on est prêt à affronter en tant que lecteur. Âmes sensibles, s'abstenir !

Résumé (du premier tome seulement, je ne tiens pas à faire de spoilers en dévoilant l'intrigue des tomes 2 et 3, qui vous dévoileraient aussitôt quels personnages survivent à la fin du tome 1) :

Les Hunger Games ont commencé.
Le vainqueur deviendra riche et célèbre.
Les autres mourront...
Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix.
Quand sa petite soeur est appelée pour participer aux Hunger Games, Katniss n'hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature...




  Donc en gros, les Hunger Games, c'est une dystopie : le contraire d'une utopie, un monde fictif avec une société parfaite. Une dystopie, c'est un monde fictif cauchemardesque. Dans le monde de Panem, qui vient de l'expression latine "panem et circenses" (du pain et des jeux de cirque, exigence de la classe dirigeante oisive), 74 ans avant le début de l'histoire, les 13 districts se sont rebellés contre le Capitole (la cité du Gouvernement), mais la rébellion a été réprimée. Le District 13 a même été détruit. En punition de cette rébellion, les 12 districts restants vivent dans la servitude du Capitole ; chaque district est spécialisé dans une industrie, et la quasi-totalité de leur production va au Capitole, qui vit dans le luxe, tandis que les habitants des districts vivent dans des conditions quasi-moyenâgeuses. Comme si ce n'était pas suffisant, pour rappeler aux districts qu'ils ne doivent jamais se rebeller à nouveau, le Capitole organise chaque année un jeu de télé-réalité : un garçon et une fille de chaque district sont appelés à combattre dans une arène géante et à se tuer les uns les autres jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le vainqueur. Par ce faire, le Capitole montre aux districts qu'il a le pouvoir absolu, et que leurs habitants ne cesseront jamais de payer pour la rébellion de leurs ancêtres... autrement dit, les Hunger Games sont des jeux sacrificiels.

"The arena messed us all up pretty good, don't you think? Or do you still feel like the girl who volunteered for your sister?"


Katniss, l'héroïne asociale, meurtrière, et géniale
  Katniss Everdeen, 16 ans, s'engage à participer à ces jeux pour sauver sa petite soeur Primrose d'une mort certaine. Katniss est la narratrice de l'histoire, et elle a déjà traversé des épreuves difficiles : son père est mort dans un accident de mine quand elle avait 11 ans, la transformant en protectrice de la famille. D'abord, c'est la misère totale, et Katniss, sa soeur, et sa mère, manquent de peu de mourir de faim. Elles sont sauvées par le geste énigmatique d'un camarade de classe de Katniss, Peeta Mellark, le fils du boulanger, qui leur fait parvenir du pain. Katniss reprend espoir, puis elle s'entraîne à chasser avec un arc, jusqu'à ce qu'elle devienne experte dans l'art de l'archerie. Le temps passe, jusqu'à ce que tous les jours, elle s'introduise illégalement dans les bois avec son amis Gale, et qu'ils chassent ensemble afin d'échapper à la famine, qui abat les habitants du District 12... avec leurs butins, Katniss et Gale font des échanges au marché noir, et parviennent à soutenir leurs familles, car ils appartiennent tous deux à la classe la plus pauvre du District 12.

  Seulement voilà : Katniss devient une des participantes aux Hunger Games, une "tribute", mot qui en anglais signifie aussi bien offrande que hommage, ou victime sacrificielle... comme les animaux qu'on offrait dans les temples des dieux antiques. Or, le sort désigne Peeta Mellark comme tribute masculin du District 12. Aussitôt, Katniss sait que si elle veut survivre, elle va devoir tuer Peeta. Peeta, à qui elle doit la vie, car il les a sauvées de la faim, elle et sa famille, quand elle avait onze ans. Peeta, qui est fils de boulanger donc qui est un des garçons "aisés" du District, et qui ne s'est jamais approché de Katniss à l'école, mais dont elle surprend parfois le regard qui s'attarde sur elle...

"Wear a necklace of rope, side by side with me"

  Une histoire d'amour qui se profile entre Peeta et Katniss, me direz-vous ? Haha, c'est plus compliqué.
  Comme les Hunger Games sont un jeu de télé-réalité et que les citoyens du Capitole en sont friands (ils sont d'ailleurs l'archétype de la pire société de consommation imaginable), les tributes doivent plaire au public. Avant que les jeux ne commencent, il y a une série d'interviews, de défilés, et d'évaluations retranscrites sur les écrans partout dans la ville.
  Or, la stratégie des mentors de Katniss et Peeta, c'est de les présenter comme des amants.
  Tout de suite, les spectateurs du jeu s'enflamment devant cette histoire d'amour tragique : Peeta et Katniss sont de parfaits Roméo et Juliette, forcés de participer tous deux à un jeu où aucun des deux ne pourra survivre sans avoir à tuer l'autre. D'abord réticente, Katniss accepte de participer à cette comédie, consciente que ça pourra lui sauver la vie : quand on est dans l'arène, on peut recevoir des "cadeaux" envoyés par des sponsors qui paient une fortune pour vous les faire parvenir, et les sponsors sont sensibles à cette histoire d'amour tragique. Par exemple, si on s'est fait une blessure, avoir de quoi la soigner s'avère capital si on veut survivre plus de quelques heures...

"Here's some advice. Stay alive"

Katniss s'apprêtant à tirer sur sa proie...
  Mais assez de récit de l'intrigue, sinon je vais finir par vous dévoiler tous les secrets du tome 1 !
  Les Hunger Games, c'est donc un jeu de stratégie. Dans l'arène, Katniss passe son temps à compter sur ses doigts qui est mort, qui est encore vivant. Qui a telle arme, qui a telle autre, qui est blessé, qui ne l'est pas...
  Et comme les caméras sont partout dans l'arène, Katniss doit continuer le jeu de l'amour tragique avec Peeta. Peeta, qui est un personnage décidément bien difficile à cerner... moi je l'ai adoré dès sa toute première apparition, et je n'ai pas cessé de l'adorer tout au long de l'histoire (par histoire, est-ce que je parle du tome 1 ou de la trilogie ? Hahaha, je ne vous le dirai pas ! *sadique*).

Peeta, le roi du camouflage

  "You here to finish me off,
 sweetheart ?"

  Même si la relation amoureuse n'est pas le plus important dans les Hunger Games (du moins pas pour moi... d'autant plus que je n'aime pas les triangles amoureux, et je me serais bien passée du triangle Katniss / Peeta / Gale, même s'il apporte des éléments cruciaux à l'intrigue), cette histoire de faire semblant est quand même pour beaucoup dans le suspense : est-ce que Peeta cherche à tuer Katniss, ou à la protéger ? Est-ce que l'un des deux va finir par se prendre au jeu et tomber amoureux de l'autre ? Jusqu'à quel point peut-on faire confiance aux autres dans l'arène, sachant que même si on forme des alliances, elles ne sont que temporaires : à la fin du jeu, il faudra bien tuer la personne en face de soi si on tient à survivre...

Katniss est le Mockingjay

  Avec ses ruses et son courage, Katniss revient rapidement la figure de la rébellion contre l'ordre insupportable de la dictature du Capitole. Dans l'arène, elle porte une broche de mockingjay (geai moqueur), un croisement entre l'oiseau moqueur et des mutations appelées les "jabberjays" créées par le Capitole pendant la rébellion, des oiseaux capables d'espionner les humains et de répéter leurs paroles. Mais les mockingjays, eux, ne sont capables de répéter que les mélodies des chansons. Symbole de musique et d'harmonie, mais aussi espèce bâtarde qui a été créée par croisement malgré la volonté du Capitole, les mockingjays sont un affront au Capitole. Et Katniss, avec son caractère bien trempé et le feu d'insurrection qui brûle en elle (on l'appelle "The Girl on Fire"), est le mockingjay par excellence.

  Katniss est donc un personnage très intéressant (même si parfois elle est tellement asociale qu'elle en devient aveugle vis-à-vis de certains sentiments). Mais il y a beaucoup d'autres personnages intéressants dans cette trilogie !

  Le moment FANDOM est venu !





  Je crois que vous l'aurez compris, j'adore : Katniss, Peeta, Finnick, et Haymitch.
  Il y a d'autres personnages qu'on voit moins longtemps (pour diverses raisons que je ne vous révélerai pas...) que j'aime bien aussi : Cinna, Rue, Johanna Mason, Prim, Thresh, Paylor, Boggs...
  Par contre désolée pour les fans, mais je ne suis pas une grande admiratrice de Gale ! Je comprends les Team Gale cependant, mais moi je le vois vraiment comme le meilleur ami de Katniss, rien de plus. Mon coeur est allé vers Peeta dès le début... et pour ceux qui ont lu Hunger Games et qui comprendront à quoi je fais référence, J'ADORE DARK PEETA !!! Je me suis tapé des fous rires mémorables en lisant les répliques qu'il envoyait à Katniss et aux autres quand il était dans sa phase salaud. Bref, je suis une sadique, huhuhu.

"Finally, he can see me for who I am. Violent. distrustful. Manipulative. Deadly.
And I hate him for it"

Peeta et Katniss, à 11 ans et à 16 ans
  J'adore Haymitch aussi (un ancien vainqueur des Hunger Games, qui devient le mentor de Katniss et Peeta dans les jeux). Il est juste excellent, et l'acteur qui le joue dans le film est génial (c'est un des rares acteurs dont j'ai trouvé qu'il correspondait à son rôle d'ailleurs, parce que grosse déception pour Peeta, Foxface, et Cato... Katniss c'est plus compliqué parce que j'aime bien Jennifer Lawrence, mais elle a tout de même un look plus à la Lara Croft qu'un look à la Katniss qui est censée n'avoir que les os sur la peau et rejeter toute forme d'émotion humaine mis à part son amour pour sa petite soeur). A part ça, le film est plutôt bien. Je ne vous conseille pas de le regarder juste après avoir lu le livre cependant, ce que j'ai fait T__T (en même temps je n'avais pas le choix : j'avais fini le tome 1, j'étais EN MANQUE, et je savais que je ne pourrais pas entamer le tome 2 avant 48h... dans ces moments-là, que voulez-vous, on fait des choix désespérés). Ca m'a fichu une claque dans la gueule parce que l'univers que j'avais imaginé était beaucoup plus sombre que celui du film, qui pour des raisons commerciales a été adapté pour un public plus jeune et plus large, censurant un grand nombre de scènes et transformant la méfiance constante entre Katniss et Peeta en une histoire d'amour au premier coup d'oeil u_u ça m'a un peu agacée... Le truc que j'ai le plus déploré dans le film, c'est que l'épisode où Peeta donne du pain à Katniss pour lui sauver la vie a été transformé en quelque chose qui se passe quand ils ont 16 ans, et Peeta se prend juste une tapette sur le front de la part de sa mère pour avoir brûlé le pain afin de le rendre invendable, alors que dans le livre ils ont 11 ans et Peeta se fait battre pour avoir brûlé le pain exprès, et il est censé avoir le visage en sang quand il jette le pain à Katniss (c'est à peu près à ce moment-là que je suis tombée irrémédiablement amoureuse de lui). Je ne vous spoile rien en vous disant ça, je vous rassure, c'est une anecdote qu'on apprend dans les 30 premières pages du roman.

"Katniss. Let's not pretend we don't know 
what the other one is trying to do here"

L'horrible President Snow, qui s'entoure de roses
 pour dissimuler l'odeur de sang dans sa bouche...
  Il y a aussi des personnages dont on désire la mort très très fort (oui, lire Hunger Games donne des pulsions meurtrières) : President Snow, Coin, Glimmer, Cato, les Peacekeepers du Capitole... et bien d'autres, mais je ne vous en parlerai pas davantage car il y a des personnages ambigus dont on se demande s'ils sont du côté des protagonistes ou contre eux, donc ce serait trop vous en dire que de révéler leur identité.

  Les Hunger Games, c'est surtout un excellent récit de suspense. L'histoire n'est pas si originale que ça, c'est la manière dont elle est traitée qui est vraiment super. Katniss est une battante et une pro de la stratégie ; elle a plus d'un tour dans son sac et elle est fermement décidée à protéger les gens qu'elle aime. Chaque chapitre se termine sur un coup de théâtre (chaque fois que je voyais que j'arrivais à la fin d'un chapitre, je mettais ma main sur le texte pour le cacher et ne surtout pas voir ce qu'il y avait d'inscrit afin de me réserver toute la surprise, même si à un moment donné je n'ai pas été assez rapide et j'ai vu écrit "Seneca Crane" et j'ai tout de suite compris ce qui allait se passer (je parle d'un chapitre dans Catching Fire, pour ceux qui voient à quoi je fais allusion... pour les autres, CACHEZ SYSTEMATIQUEMENT LA FIN DES CHAPITRES AVEC VOTRE MAIN, C'EST UN ORDRE).

"They can't hurt me. I'm not like the rest of you.
There's no one left I love"

  Je crois que je vous ai parlé à peu près de tout ce que j'adore dans ce livre en évitant de vous spoiler, donc comme j'ai écumé DeviantArt à la recherche de fan-arts ces derniers jours, je vais simplement partager avec vous des dessins que je trouve superbes, ou drôles, ou juste qui vous aideront à vivre votre fandom, comme moi :



"Remember, we're madly in love, so it's all right to kiss me any time you feel like it" 


"If we burn, you burn with us"


 "So it's you and a syringe against the Capitol ? See, this is why no one lets you make the plans"


" - Real or not real ?
- Real"




 Juste une dernière chose, à propos de la fin, donc les gens qui l'ont lue, surlignez pour voir : spoiler / Il paraît que beaucoup de gens trouvent la fin décevante ou bâclée, que ça manque d'action et que Katniss finit avec Peeta par dépit... ça n'a pas du tout été mon interprétation de la fin. Au contraire, je trouve que les mois pendant lesquels Katniss se laisse aller lentement vers la mort, sans désir de vivre, sont complètement logiques après qu'elle a perdu sa petite soeur, qu'elle croit avoir perdu Peeta,et après le combat constant qu'elle a mené pendant deux ans. Elle est épuisée, elle n'a plus de raison de vivre, et à partir de là elle ne raisonne plus ; c'est un mélange entre une peinture de la dépression et de l'anorexie que je trouve amenée de manière très intelligente, et qui montre que Katniss n'est pas surhumaine, mais qu'elle est juste à bout de forces et qu'elle ne fait confiance ni au Capitole, ni au District 13, ni aux gouvernements avant la création de Panem, et donc aux gouvernements futurs non plus. Ce qui la fait remonter à la surface, c'est de voir que Peeta se bat, alors que Peeta en a bavé encore plus qu'elle vu qu'il s'est fait laver le cerveau, et le geste d'hommage qu'il fait envers Prim en plantant des fleurs qui ont son nom lui rappellent qu'elle n'a pas le droit de mourir, qu'elle doit vivre pour honorer les morts, elle aussi. Comme d'habitude, Peeta a une influence apaisante et positive sur Katniss, alors que Gale et Katniss s'entraînent mutuellement dans la destruction ; ils se ressemblent trop pour être ensemble, et même si Gale n'avait pas construit la bombe qui a tué Prim, Katniss n'aurait pas pu finir avec Gale. Les baisers qu'elle échange avec lui ne sont que des baisers de désespoir et de manque d'affection, alors que Peeta crée en elle un sentiment différent, "a different kind of hunger". Je tique quand on dit que Katniss finit par se mettre avec Peeta parce qu'elle est seule au monde et qu'elle est tellement brisée qu'il est le seul à pouvoir réparer les morceaux : depuis le début de la trilogie, Katniss s'enferme dans la solitude par peur de voir les gens qu'elle aime souffrir, elle ne veut pas d'enfants car elle ne veut pas qu'ils participent aux Hunger Games, mais sa rencontre avec Peeta lui fait progressivement se rendre compte qu'elle ne peut pas vivre éternellement dans la solitude. Et certes, Peeta est le seul qui puisse comprendre ce qu'elle a vécu, mais ce n'est pas pour autant qu'elle va vers lui par défaut : Peeta est l'incarnation de l'espoir "What I need is the dandelion in the spring", le même pissenlit  que Katniss essaie d'ignorer depuis ses 11 ans, mais qui en fait est celui qui lui a rappelé que la vie continuait. Ca fait un peu niais dit comme ça, mais depuis le tout début de la trilogie, on voit que Katniss et Peeta sont complémentaires, et l'auteur construit lentement cette complémentarité. Ils finissent ensemble parce qu'ils n'ont que l'autre, oui, mais en vérité ça fait depuis leur enfance qu'ils n'ont que l'autre. Ils ne finissent pas ensemble parce qu'ils sont seuls au monde ; même au milieu d'une fourmilière de gens, ils n'ont que l'autre. Et le fait que tout le monde ait disparu autour d'eux ne fait que souligner combien depuis le début, Peeta n'avait que Katniss, et Katniss n'avait que Peeta, ;et ça, Katniss ne s'en rend compte qu'à la fin, enfin en paix et capable d'accepter l'amour comme autre chose qu'un luxe ou une comédie, de même que Finnick n'est pas tombé amoureux d'Annie à la première rencontre, puisqu'il dit : "She crept up toward me", qu'on peut traduire littéralement par "elle a rampé jusqu'à moi", une traduction plus élégante pourrait être "elle s'est frayé un chemin jusqu'à mon coeur"... et il me semble que c'est exactement ce que Peeta fait pendant les trois tomes des Hunger Games  / fin du spoiler.


 Oh, et un tout dernier truc (oui cette fois-ci c'est bien le dernier, mais je vous assure vous n'allez pas le regretter, parce que ça va vous donner l'immense privilège de rire de moi à gorge déployée XD) : je suis TELLEMENT à fond dans Hunger Games (d'ailleurs gros bad après avoir fini le troisième et dernier tome...) que ça m'a persuadée de dessiner pour la première fois depuis à peu près la maternelle (non quand même pas, je dessinais un peu quand j'étais dans ma période manga au collège, mais bref c'était pas glorieux), et même si c'est risible de chez risible, je suis fière comme un pou de mes dessins trop laids parce que pour une fois C'EST PROPORTIONNEL (enfin vous remarquerez que je me suis contentée de dessiner les bustes de Katniss et de Peeta... plus le corps entier Katniss de dos, mais par pitié, ne regardez pas les mains ni les pieds, euh en fait ne regardez pas les jambes non plus, elles ne sont passez longues, c'est un désastre XD mais je m'en fiche que ce soit un désastre, parce que c'est moi qui l'ai fait, d'abord >__<). On dirait qu'ils ont la peau blanche alors que je l'avais coloriée u_u Katniss est censée avoir une peau assez sombre en plus, donc c'est pas trop ça, mais bref, ça fait plaisiiiiir de pouvoir dessiner ses personnages préférés quand y'a plus rien à lire et qu'on se retrouve sans rien pour prolonger son fandom.

  Voilà, j'espère que si vous n'avez pas lu Hunger Games, cet article vous persuadera de les lire TOUT DE SUITE, et que si vous l'avez lu, ça vous aura rappelé de bons souvenirs de lecture... et VIVE KATNISS !

Futurs lecteurs des Hunger Games, attention : spoil dans les commentaires !